Description
Sébastien Lespinasse pratique une poésie radicalement corporelle, très rauque et souvent très drôle, tonitruante, glottique et quelquefois terrifiante, vertigineuse et cependant charmeuse – mais pas charmante –, impétueuse, gestuelle et tendue à l’extrême.
Ce nouveau CD édité par Trace Label rassemble seize titres enregistrés à Toulouse en 2010 qui résument parfaitement toutes ces qualités contenues dans son travail actuel.
Le disque se conclut par trois remix brillamment réalisés par Guillaume Loizillon, Jérôme Noetinger et Patrick Müller qui étendent la poésie sonore de Sébastien Lespinasse à des registres électroacoustiques.
Le travail de Sébastien Lespinasse, inspiré de la poésie sonore, voire même du lettrisme, se distingue par une importance particulière accordée au souffle, à la voix. Lors de ses lectures (notamment « Pneuma Récital » à Beaubourg) ses déplacements sont réduits au minimum. Il utilise le dispositif « classique » d’une lecture publique (une table, un micro, un texte dactylographié). Cependant, il y a un véritable travail autour du souffle, de l’articulation, de l’intonation qui participe à la construction du sens. On assiste à une déconstruction /ré-articulation du langage.
La langue devient un matériau sonore, le signifiant semble prendre toute la place. La signifiance, au sens de première articulation du langage, prime sur le signifié. Comme le souligne Jean-François Savang « le corps devient le sujet de la langue, et le langage l’instrument de sa poétisation, que ce soit dans l’intensité glossolalique ou dans la signifiance du souffle à l’image d’Artaud. » Extrait d’un travail de thèse en littérature de Corinne Laval.